L'utilisation silencieuse de nos boîtiers Fuji avec obturateur électronique est très précieuse pour nous autres, pauvres photographes de scène.
Cependant, elle n'est pas sans désagréments: la déformation des objets en mouvement qui donne des baguettes courbes aux batteurs, des cordes de contrebasse épousant la forme sinusoïdale d'une courbe d'ondes. Quant aux musiciens dont la chemise unie est éclairée par des LED, celles-ci les transforment en chemises rayées: c'est le "banding" !
Pierre Vignacq un de mes collègues Fujistes et photographes de scène a fait un petit mémo là-dessus, que je recopie ci-dessous:
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Première chose à retenir, cet obturateur électronique qui semble permettre d’atteindre des vitesses phénoménales, plus rapide que le dix-millième de seconde, est en fait extrêmement lent. En réalité, au lieu d’être saisie en une seule fois pendant la durée d’ouverture de la « fenêtre » d’un obturateur mécanique, l’image est enregistrée par la lecture ligne après ligne du capteur, de haut en bas, le processus complet prenant de l’ordre de un trentième de seconde. Certes chaque ligne est balayée très rapidement, ce qui du point de vue de l’exposition permet d’atteindre les vitesses annoncées, et de ce fait de garder nos diaphragmes grands ouverts en plein soleil, mais il s’écoule toujours l’équivalence d’une vitesse bien lente sur la globalité de la photo, entre le haut et le bas, d’où la torsion apparente de la baguette…
L’effet visible sous éclairage LED provient lui de l’interférence entre la fréquence de balayage des lignes du capteur et la fréquence de multiplexage des LEDs. C’est quoi ça ? juste le fait que pour changer de couleur apparente on pilote successivement, cycliquement, une LED verte, une bleue et une rouge pendant une durée plus ou moins longue pour chacune. L’oeil n’y voit que du feu, c’est à dire la couleur résultant du mélange sans percevoir d'interruption (et un rendu pitoyable) , le capteur lui par contre n’apprécie pas du tout car les fréquences voisines du balayage d’une part et du changement de couleur d’autre part provoquent un battement comparable à deux cordes d’un piano mal accordé.
Quant aux cordes de la contrebasse, elles subissent l’effet stroboscopique des plus classique puisque chaque ligne du capteur enregistre successivement une position différente de la corde, la photo pourrait presque permettre de vérifier si l’instrument est correctement accordé.
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On aura compris qu'un test soigneux est exigé avant chaque prise de vues. Par ailleurs, je recommande d'assigner la sélection du type d'obturateur à une touche de fonction pratique, afin de pouvoir en changer à la volée. Petite astuce, aussi, j'ai constaté que les effets indésirables comme le banding pouvaient disparaître ou s'atténuer à 1/200e et plus. Si vous avez un sujet strié et que vous êtes à moins de 1/200e vous savez ce qui vous reste à faire...