Ce modeste essai fait suite à un amiable défi qui m’a été lancé sur le forum anglais. Un schéma faux courre sur les écrans d’ordinateurs et conduit à des conclusions fausses au moins en partie. J’ai voulu vérifier par moi-même ce qu’il en était vraiment et j’ai pensé que ça pouvait intéresser aussi les Frenchies.
De quoi s’agit-il ?
Lorsque l’on fait la mise au point au centre de l’image, qu’on verrouille cette distance de mise au point et que l’on place le sujet sur le côté, la netteté est-elle garantie dans ce cas ?
Dans le schéma ci-dessous, on fait la mise au point au centre du viseur (LCD ou OVF) sur le sujet placé en « F » puis on recadre afin de placer le sujet en « S ». On constate de suite que la distance CS est plus longue que la distance CF.
En faisant la mise au point en F on obtient une profondeur de champ « DOF » qui est fonction de la focale utilisée, du diaphragme et de la distance appareil-sujet. Cette profondeur de champ est à peu près répartie un tiers en avant du point F et deux tiers en arrière de celui-ci.
La question est donc de savoir si en procédant de la sorte la distance CS sera incluse dans la profondeur de champ et si le sujet « recomposé » sera net.
Le calcul de CS fait appel au cosinus de l’angle de recomposition et s’obtient par la formule suivante : CS = CF / cos â.
Le seul angle que nous connaissions est celui fourni par le constructeur de l’objectif et qui est donné pour la dimension maximum, c’est-à-dire la diagonale du capteur.
La recomposition maximum que l’on pourrait faire en prenant la distance au centre du viseur et en déplaçant le sujet dans un coin extrême du format correspond donc à la moitié de l’angle de l’objectif.
Mais ceci n’est jamais le cas dans la pratique et l’angle de recomposition, de rotation de l’appareil, sera toujours inférieur.
Plus l’angle de recomposition est petit et plus CS se rapproche de CF.
J’ai calculé le tableau ci-dessous pour une focale standard de 35mm. Pour cette focale l’angle embrassé par l’objectif est de 44° et donc l’angle de recomposition maximum serait de 22°. Il m’a donc semblé raisonnable de considérer qu’en pratique, la recomposition se fera avec un angle maximum de 15°.
Grâce au calculateur de profondeur de champ en ligne (
http://www.dofmaster.com/dofjs.html) J’ai pu vérifier si la distance appareil – sujet « recomposé » était incluse dans la limite arrière de la PDC.
Légende du tableau :• Focus distance = distance de mise au point (CF)
• Recomposing distance = distance une fois le sujet déplacé du centre de la visée (CS)
• Recomposing angle = angle de rotation de l’appareil
• Aperture = diaphragme
• Far limit DOF = limite arrière de la profondeur de champ correspondant à CF et pour divers diaph’s
Les calculs ont été fait pour des diaph’s grands ouverts sachant que la profondeur de champ augmentera sitôt que l’on fermera d’avantage. Il en va de même pour des focales plus courtes qui ont des PDC plus profondes. Quant aux focales plus longues leur angle de champ est plus étroit et leur ouverture max plus fermée (donc PDC plus grande) et donc CF et CS risquent d’être pratiquement confondus.
On peut constater qu’à l’exception de distances de mise au point très courtes, faire la mise au point au centre et ensuite recomposer l’image offre toutes les chances que le sujet reste net.
Cette façon de procéder est beaucoup plus rapide que de déplacer la cible de mise au point sur le côté de l’image sachant que l’on n’a même pas besoin de se servir du bouton AF-L (verrouillage de la mise au point). En effet, lorsque l’on est en AFS (mise au point une seule fois) le simple fait de presser le déclencheur à mi-course verrouille la mise au point (et la mesure de l’exposition) tant qu’il n’est pas relâché.
Cette façon de faire est particulièrement adaptée aux sujets furtifs tels que les enfants turbulents, les animaux domestiques pleins de vie, la photographie de rue et autres.