je vais faire un jeux de mot à 2 asa, mais parfois il suffit d'un simple déclic.
Le mien, c'était une expo sur Van der Keuken, en 97, une foule, un goulet, des portraits. Ce n'était pas ma ville, pas mon pays, touriste d'une certaine manière... Je me suis fais violence, j'ai choisi le bon endroit, et même si les photos sont à chier, le but était de dépasser la peur. Pas de prendre mon pied, ni de retrouver, trouver des sensations et de faire de beaux portraits. Non, juste apprendre. Dans un premier temps.
J'ai récidivé quelques mois plus tard, ville étrangère, festival en pleine rue, capitale où il est plus facile de "disparaître". Les voyages réunissent souvent les conditions qui nous autorisent à laisser de côté nos bonnes vieilles habitudes, nos limites...
Je comprends bien ton soucis, et ton envie, mais j'y lis, entre les lignes, une sorte d'impatience qui pourrait peut-être t'emmener à abandonner :
Tu as une affinité pour les portraits et l'envie de transposer cela dans la pratique de la photo de rue, mais pour "démonter" une appréhension, j'imagine que cela ne se fait pas seulement à coup de volonté ^^ et en deux sorties photos. Faut un peu de temps, de pratique, se faire violence au début, n'est pas indispensable, et contourner le problème avec du 90mm n'est peut-être pas dans la philo de la photo dite de rue.
tu peux attendre un festival, un événement, ou te balader dans des coins très touristiques, attendre un voyage, te planter à une terrasse de café, et prendre les passants ou les attablés d'à côté, te faire la main en faisant ce que j'appelais du "following" en ne prenant les gens que de dos... s'il n'en sort rien d'intéressant, cela aura tout de même pour petit effet de te décomplexer en portant l'appareil à l'œil, dans des situations qui ne sont, de primes abords, pas simples pour toi. Et même si tu sais qu'au final c'est le portrait serré que tu finiras par faire, il me paraît pourtant nécessaire de prendre le temps d'y parvenir, en prenant des chemins de traverses. Tu y trouveras peut-être des choses que tu ne cherchais pas
J'ai eu la chance de posséder un 24mm (en argentique, donc équivalent au 16 en APSC), et c'est avec lui que j'ai pris mon pied, parce qu'il m'obligeait à me rapprocher, mais aussi parce que dans certain cas moins franco, il me permettait de cadrer à côté, me préparer, laissant croire que je me concentrer sur un tout autre sujet, puis de recadrer légèrement avant de déclencher. Quand cela surprenait de trop, je souriais en exprimant un "merci" pas toujours verbale, et cela n'a jamais poser de problème.
En tout cas, je rejoins les propos des copains : vaut mieux être dedans, au milieu, visible et prendre le temps et l'attitude pour se faire "oublier" que d'être sur les bas-côtés de la scène et de paraître suspicieux avec une focale trop longue.
S'impliquer, se mêler, s'immerger, s'engager dans la scène, trouver la juste distance pour se fondre dans le décor et attraper l'instant fugace d'un regard, d'une attitude, d'une démarche... et toujours d'une manière ou d'une autre, par un petit quelque chose, dire merci, ne serait-ce qu'en retirant l'appareil de son visage et faire un signe de tête, quand le regard capturé est arrivé droit dans l'obturateur ^^
Bonnes balades à toi !