Mes neveux ont fait la guerre (Mali entre autre) et ils en parlent jamais...
Les soldats en parlent entre eux ou à un médecin.
Les civils l'évoquent plus facilement.
La guerre j'en ai parlé à 11 ans, par des dessins. Et je n'en ai reparlé, à un ami psychiatre, qu'en 2014. Ma propre femme sait peu de choses, et elle n'en a deviné certaines qu'en trouvant des photos.
Entre temps, j'ai fait des photos dans des pays en guerre, par hasard, parce que j'y étais pour mon boulot. Et là , dernièrement, d'où je reviens il n'y avait pas la guerre. Seulement des gens déplacés dont il fallait les témoignages. Et comme je connais bien le coin et que j'y ai des contacts amicaux, l'occasion a fait le larron.
Fin de l'histoire, qui n'a rien d'extraordinaire.
Mon truc, aujourd'hui, c'est de me lever à l'aube, et de prendre très régulièrement une photo de la montagne juste avant que le soleil apparaisse. Un ami suisse, lui, photographie le crépuscule sur la plaine. Et un ami commun, des aiguilles alpines au milieu de l'après midi. Nous avons des centaines de photos du même paysage. Et c'est devenu un gag.
Les photographes (je parle des reporters de guerre) témoignent avec un boîtier, forcément. Mais la grande époque est révolue. On ne reverra jamais les grands reportages photo de Gilles Caron, Tim Page et de tant d'autres. Les journaux n'en veulent plus. Le dernier grand du Vietnam et du Biafra, un anglais, Don McCullin, photographie aujourd'hui des paysages. Et son travail est magnifique.