On peut reconnaître la valeur de leurs images tout en contestant leurs méthodes
Si, pour obtenir de telles images, il faut causer un désagrément à des quidams, les surprendre, provoquer un instant de frayeur, troubler leur sérénité, les mettre en colère, alors, je passe mon tour car, pour ma part, je n'ai pas envie de subir ça quand je me promène tranquillement dans la rue. Ayant passé mes vingt dernières années de travail dans un quartier très photogénique de Paris, le quartier Montorgueil, qui relie le Sentier aux Halles, bien avant que la photo de rue ne connaisse un engouement, j'ai été habitué à voir des photographes dans les rues de ce quartier, en toutes saisons, tous les jours de la semaine. Je dois figurer sur des centaines de photos
J'avoue que ça ne m'a jamais dérangé, ils font partie du paysage. En revanche, si l'un d'entre eux s'était avisé de venir brandir un flash sous mon nez, ou m'avait braqué son objectif à un mètre pendant de longs instants, je l'aurais envoyé paître, c'est une certitude
Ça ne m'empêche pas de reconnaître que la photo de Bruce Gilden, intitulée 5th Avenue, New York 1992, qui figure en page 13 de "Street Photography Now", montrant une rombière courroucée à l'aspect assez satanique, est carrément géniale