Street ou pas ?

[JFL]

Ce week-end j'ai pris pas mal de photos au Prix de Diane à Chantilly, plus de personnes que de chevaux d'ailleurs.
Ma question est la suivante : Est ce que c'est de la street photography ou pas ?

  pour vos retours

[gau]

Pourquoi cette question ? Pourquoi vouloir catégoriser des photos en fait ?

[Tonio]

On pourrait débattre de la "street photography" ("photo de rue" en français) pendant des heures.

Ma façon de voir est simple.
Pour commencer, je trouve le terme "photo de rue" très mal approprié. S'il l'était au début du siècle dernier, aujourd'hui je préfère parler de "photographie sociale" ou encore de "photographie humaniste". Tout simplement parce qu'élément principal n'est justement pas le bitume mais l'humain dans son ensemble : en tant que personne mais aussi ce qui l'entoure par la même occasion, car c'est la présence avant tout qui importe. Une "photo de rue" (pardon, une "photo sociale" ou "humaniste") peut très bien avoir été prise à la campagne ou à la plage (regardez le travail de Martin Parr par exemple). Elle peut tout aussi être une simple trace de l'humain, comme un plat qui n'a pas été terminé dans un restaurant ou la chambre d'un vieux motel (regardez le travail de Stephen Shore ou de William Eggleston).
Je ne sais pas si je m'explique très bien, mais pour faire simple (et ma définition) : la photo de rue est un peu le reflet de notre société, un regard sur le temps qui passe, et le photographe de rue est une sorte de témoin des petits moments de la vie qui nous entoure. Bref, parler de photographie de rue, c'est parler de choses sociales et candides.

Un long laïus pour répondre simplement à ta question : non la street photo n'a pas forcément besoin de se passer dans la rue, et oui tes photos au Prix Diane peuvent très bien entrer dans ce contexte... tant qu'elles inclus l'Humain (avec un grand H).
 

(désolé si j'embrouille, je suis très peu pédagogue)

[JFL]

On pourrait débattre de la "street photography" ("photo de rue" en français) pendant des heures.

Ma façon de voir est simple.
Pour commencer, je trouve le terme "photo de rue" très mal approprié. S'il l'était au début du siècle dernier, aujourd'hui je préfère parler de "photographie sociale" ou encore de "photographie humaniste". Tout simplement parce qu'élément principal n'est justement pas le bitume mais l'humain dans son ensemble : en tant que personne mais aussi ce qui l'entoure par la même occasion, car c'est la présence avant tout qui importe. Une "photo de rue" (pardon, une "photo sociale" ou "humaniste") peut très bien avoir été prise à la campagne ou à la plage (regardez le travail de Martin Parr par exemple). Elle peut tout aussi être une simple trace de l'humain, comme un plat qui n'a pas été terminé dans un restaurant ou la chambre d'un vieux motel (regardez le travail de Stephen Shore ou de William Eggleston).
Je ne sais pas si je m'explique très bien, mais pour faire simple (et ma définition) : la photo de rue est un peu le reflet de notre société, un regard sur le temps qui passe, et le photographe de rue est une sorte de témoin des petits moments de la vie qui nous entoure. Bref, parler de photographie de rue, c'est parler de choses sociales et candides.

Un long laïus pour répondre simplement à ta question : non la street photo n'a pas forcément besoin de se passer dans la rue, et oui tes photos au Prix Diane peuvent très bien entrer dans ce contexte... tant qu'elles inclus l'Humain (avec un grand H).
 

(désolé si j'embrouille, je suis très peu pédagogue)

Un grand MERCI Tonio pour ce point de vue très clair et que je partage... 

[Polonium_210]

Quant à la nécessité de s'interroger sur ce qu'on est en train de faire, en général, et en particulier en matière d'expression créative, eh bien elle me paraît indispensable et très riche... Donc, ta question me paraît parfaitement valide.
Récemment, je postai une photo sur la page FB Fujifilm France pour le thème du mois, justement la "Street Photo". Cette photo, "La patinette" que j'avais montrée ici où elle avait suscité des réactions positives, montre de nombreux personnages déambulant, jouant, ou se reposant dans la base de loisirs de Bois-le-Roi, entre Melun et Fontainebleau, par un beau jour de printemps. Un de mes amis FB a réagi immédiatement en commentant: "C'est la campagne, ce n'est pas de la Street Photo !".
Cette base de loisirs, fréquentée à chaque rayon de soleil par les familles des quartiers populaires de la région, ainsi que, le weekend, par des parisiens débarqués en train de la gare proche, offre certes un décor verdoyant, comme les Bois de Vincennes et de Boulogne, les Buttes-Chaumont etc... mais l'humanité qu'on peut y contempler est en tous points celle qu'on pourrait y voir dans les rues fréquentées des villes du coin. C'est donc pour moi, presque davantage de la "Street Photo" que des photos prises dans des coins "graphiques", des bouts de parking, des terrasses d'immeubles de bureau, prisées par les "street photographers" à la mode, mais endroits où on voit à peine quelques pékins et qui n'ont d'autre intérêt que "graphique"....

[Tonio]

Tiens, et pour continuer voici la définition de Wikipedia :

« La photographie de rue ou photo de rue (« Street Photography » en anglais) est une branche en photographie dont le sujet principal est une présence humaine, directe ou indirecte, dans des situations spontanées et dans des lieux publics comme la rue, les parcs, les plages, les grands magasins ou les manifestations. L'origine du terme « rue » se réfère plus à une époque qu'à un espace : une époque où les femmes étendirent leurs libertés, où les travailleurs étaient récompensés par du temps libre, et où la société quitta l'intimité des foyers, rendant publiques les interactions entre individus au profit du photographe.

Cadrage et déclenchement sont deux composantes décisives de cet art, dans le but de créer des images à un moment décisif ou percutant. Ces aspects sont maintenant largement considérés, d'un point de vue stylistique et subjectif, du fait que la photographie de rue a été pratiquée de la fin du xixe siècle jusque dans les années 1970, période qui a connu l'émergence des appareils photographique portatifs. L'avénement de la photographie numérique, associé à la croissance exponentielle du partage sur Internet, a considérablement développé la connaissance du genre et de ses artistes. »

http://fr.wikipedia.org/wiki/Photographie_de_rue

Le terme "indirect" résume bien ma pensée. Pas forcément besoin de prendre quelqu'un dans la rue pour en faire une "photo de rue".

La photographie de rue, c'est avant une philosophie.

[JFL]

Quant à la nécessité de s'interroger sur ce qu'on est en train de faire, en général, et en particulier en matière d'expression créative, eh bien elle me paraît indispensable et très riche... Donc, ta question me paraît parfaitement valide.
Récemment, je postai une photo sur la page FB Fujifilm France pour le thème du mois, justement la "Street Photo". Cette photo, "La patinette" que j'avais montrée ici où elle avait suscité des réactions positives, montre de nombreux personnages déambulant, jouant, ou se reposant dans la base de loisirs de Bois-le-Roi, entre Melun et Fontainebleau, par un beau jour de printemps. Un de mes amis FB a réagi immédiatement en commentant: "C'est la campagne, ce n'est pas de la Street Photo !".
Cette base de loisirs, fréquentée à chaque rayon de soleil par les familles des quartiers populaires de la région, ainsi que, le weekend, par des parisiens débarqués en train de la gare proche, offre certes un décor verdoyant, comme les Bois de Vincennes et de Boulogne, les Buttes-Chaumont etc... mais l'humanité qu'on peut y contempler est en tous points celle qu'on pourrait y voir dans les rues fréquentées des villes du coin. C'est donc pour moi, presque davantage de la "Street Photo" que des photos prises dans des coins "graphiques", des bouts de parking, des terrasses d'immeubles de bureau, prisées par les "street photographers" à la mode, mais endroits où on voit à peine quelques pékins et qui n'ont d'autre intérêt que "graphique"....

C'est justement le petit reproche que je fait à Street View Photography France dans un de mes précédent post...

[JFL]

Tiens, et pour continuer voici la définition de Wikipedia :

« La photographie de rue ou photo de rue (« Street Photography » en anglais) est une branche en photographie dont le sujet principal est une présence humaine, directe ou indirecte, dans des situations spontanées et dans des lieux publics comme la rue, les parcs, les plages, les grands magasins ou les manifestations. L'origine du terme « rue » se réfère plus à une époque qu'à un espace : une époque où les femmes étendirent leurs libertés, où les travailleurs étaient récompensés par du temps libre, et où la société quitta l'intimité des foyers, rendant publiques les interactions entre individus au profit du photographe.

Cadrage et déclenchement sont deux composantes décisives de cet art, dans le but de créer des images à un moment décisif ou percutant. Ces aspects sont maintenant largement considérés, d'un point de vue stylistique et subjectif, du fait que la photographie de rue a été pratiquée de la fin du xixe siècle jusque dans les années 1970, période qui a connu l'émergence des appareils photographique portatifs. L'avénement de la photographie numérique, associé à la croissance exponentielle du partage sur Internet, a considérablement développé la connaissance du genre et de ses artistes. »

http://fr.wikipedia.org/wiki/Photographie_de_rue

AH oui ! Alors là !!! 

[Julius]

je préfère également de loin le terme de "photographie humaniste" bien plus approprié !!et les exemples de tonio sont très bien choisis

[Pascal T]

Il y a qqs temps, le magasine "réponse photo" avait fait un article là-dessus.
Un photographe prenait des photos dans un village, puis ensuite dans les routes de campagne et enfin dans une ferme.
La question était où s'arrête la photo de rue.... ?

Pour moi la "street" c'est déambuler un peu au hazard et être prêt à saisir l'instant justement imprévu.
Capter un instant. Donc tout ce qui est écrit précedemment me va.

Sinon, il faudrait aussi inventer le terme, photo de boulevard, d'impasse, de carrefour, de rond-point...... ;-)

Vive la street philosophy qui va si bien à nos chers petits appareils

[Lomathope]

Je trouve que la définition de Wikipedia donnée par Tonio est la plus juste.
"La photographie de rue ou photo de rue (« Street Photography » en anglais) est une branche en photographie dont le sujet principal est une présence humaine, directe ou indirecte, dans des situations spontanées et dans des lieux publics comme la rue, les parcs, les plages, les grands magasins ou les manifestations".

Donc pour moi, contrairement à Tonio, j'en suis désolé, je ne pense pas que les photos faites  sur un hippodrome lors d'une manifestation comme le Prix de Diane, entre dans la catégorie Street Photography.
Pas plus que les images faites lors d'un match de basket, sur un circuit automobile, au salon de l'agriculture ou du bourget, ou dans un hôpital, et ce, même si les sujets photographiés sont des humains.
Justement, comme le dit Pascal_07, un des principes me semble-t-il de la street, est le coté "hasard", lié au fait de "déambuler", trouver un spot ou/et tomber sur une situation particulière.
Bien sur je passe prés d'un hippodrome, voir j'y entre, je prend en photo une personne dans une situation spontanée et étonnante, on peut alors considérer que c'est de la street.
Mais entrer dans un hippodrome, faire des photos de ce qui s'y passe, même si ce n'est que dans le public, ne peut être considéré comme de la street.

S'il suffit de photographier un être humain de manière spontané pour que ça entre dans le concept de la Street, alors presque tout y entre ....
J'ai pris en photo mes gosses ce WE dans un ballade en forêt, est ce de la street ?

La photo humaniste est un concept plus large, qui englobe ou recouvre une partie de la street.
C'est photographier des être humains dans leur quotidien. Y entre donc pour partie la Street, mais aussi et surtout le reportage ciblé.

Enfin, photographier des angles de rues, des bâtiments, des vitrines, des terrasses, ... ce n'est pas de la street, peut être de la photographie d'architecture, de témoignage, documentaire, d'archivage, ... je ne sais pas.

Ceci dit, tout ces concepts n'empêchent pas que tu nous montres tes photos ... Street ou pas, ça ne change rien. Une bonne image n'a jamais eu besoin d'étiquette pour être valable.

[Polonium_210]

Pour que ça soit de la "street", il faut prendre les parieurs, pas les chevaux !
Si on prend, au Louvre une forêt d'iPhone dressée devant un fond où on devine un tableau, ce n'est pas de la photo documentaire à visée muséographique ! C'est de la pure "street" à mon avis. Maintenant, ça soulève le problème de cas "limite". Dans un hôpital, tout ce qui est pris en dehors des halls où se presse la foule avec bouquets, enfants ennuyés, hâte mal dissimulée, c'est de la street. En dehors de ce périmètre, c'est du reportage...
My two cents. A vous Cognacq-Jay 

[Pascal T]

P't...  euh Zut alors, je n'avais jamais réfléchi autant à ce concept...

Effectivement, si je prends une jeune (et jolie) demoiselle (chacun ses faiblesses) qui passe dans la rue, c'est de la street.
Si je l'aborde et lui demande de poser, c'est du portrait.
Si elle n'est pas farouche, cela peut devenir  de la lingerie ou du nu.. tout en étant dans le même lieu....

Maintenant certains font de la street avec de ma mise en scène, une préparation...

Je ne me posais pas toutes ces questions avant de venir sur ce forum........

[JFL]

Pourtant Polonium_210 et Tonio l'ont très bien expliqué 

[Lomathope]

Pour que ça soit de la "street", il faut prendre les parieurs, pas les chevaux !
Si on prend, au Louvre une forêt d'iPhone dressée devant un fond où on devine un tableau, ce n'est pas de la photo documentaire à visée muséographique ! C'est de la pure "street" à mon avis. Maintenant, ça soulève le problème de cas "limite". Dans un hôpital, tout ce qui est pris en dehors des halls où se presse la foule avec bouquets, enfants ennuyés, hâte mal dissimulée, c'est de la street. En dehors de ce périmètre, c'est du reportage...
My two cents. A vous Cognacq-Jay 

Oui et non. Je rejoins à nouveau Tonio, la street c'est pas une histoire de lieu ; la séparation ne se fait pas entre le hall de l'hôpital et le reste de l'hôpital, ou entre les chevaux et les parieurs.
C'est une question de style et de philosophie.

Si je vais au louvre pour faire un reportage sur le public qui va au louvre, ce n'est pas de la street, c'est un reportage. Je rends compte de manière subjective (l'objectivité en photographie n'existe pas).
Par contre, si je me promène dans les allées du louvre, si je déambule, et que je chope à la volée une image terrible, ... c'est de la street. (lieux public, spontané de la situation, personnage présent dans son environnement).