Exposition du F-Log.
Déjà je rappelle que le log nécessite une phase d’étalonnage, que ce n’est pas une image prête à l’emploi. Un peu comme du RAW en photo. Certain me diront le log c’est pas du RAW, oui d’accord mais c’est le même principe: on enregistre plus d’information que ce qui est nécessaire pour l’image finale, mais du coup on a davantage de latitude pour choisir son image en post-prod.
Ce qui différencie le F-Log du profil Eterna par exemple c’est son gamma (la luminance) et son gammut (l’espace de couleur). Pour l’instant on laisse de côté les couleurs ça ne joue pas pour l’exposition. Pour faire simple, sur un log, à l’enregistrement la luminance est compressée pour gagner sur la dynamique, c’est à dire pour clipper moins vite les hautes lumières et écraser moins vite les basses-lumières. Ce qui donne forcément une image très plate sans contraste. Et du coup c’est impossible d’exposer correctement un log juste en visionnant l’image, il faut au minimum un instrument video. Le XT3 en a 2 : l’histogramme et le zebra. Avec un moniteur externe qui a un waveform, c’est plus confortable (sans être obligatoire).
Pour l’exposition proprement dites, je vais prendre deux exemples extrêmes.
Premier cas, une scène avec un très bas contraste. Le signal de luminance sur un waveform n’occupe à peine que la moitié de la place disponible entre le bas( les noirs) et le haut (les blancs). Sur un histogramme idem à peine la moitié de l’espace disponible entre la gauche et la droite. Donc grosse latitude d’exposition. En jouant sur le diaph par exemple, vous pouvez (sans le modifier) placer le signal tout en bas, ou au milieu, ou tout en haut du waveform (ou gauche, centre, droite, de l’histogramme). Et dans ce cas, la meilleure exposition est de mettre le signal le plus haut possible sur le waveform (en prenant une petite marge de sécurité pour ne pas risquer de clipper les hautes lumières). Et la raison de ce choix est simple. Quand vous décompressez le log, vous baissez tout le signal et donc vous baissez le niveau du bruit. Si le signal est en bas, vous montez le signal; vous montez le bruit. Si le signal est au milieu, vous montez une partie du signal et vous baissez une partie et par conséquent vous faites la même chose avec le bruit.
Deuxième cas extrême: une scène avec un contraste tellement important que même en log, le signal touche le haut et le bas du waveform. Dans ce cas, la bonne exposition est celle de vos priorités parce qu’il va falloir choisir. Votre priorité est de préserver les hautes lumières ? Faites-le et les ombres seront ce qu’elles seront (un peu écrasées). Votre priorité est du détail dans les ombres ? Pas de problème; n’écrasez pas les ombres et tant pis pour les haute lumières. Votre priorité est un visage ? Exposez correctement le visage et le reste sera ce qu’il est. Et pour exposer correctement un visage au milieu d’une scène à haut contraste, avec un histogramme, c’est quasiment impossible. C’est là qu’un waveform ou des falsescolors montrent leur supériorité comme outils d’analyse.
Entre ces deux cas extrêmes, il y a tous les autres qui sont un peu des deux. Il y a vos priorités dans l’image et il y a le fait qu’un log décompressé vers le bas fait descendre le bruit. A l’inverse un log décompressé vers le haut fait monter le bruit.
Maintenant une remarque sur les paramètres d’exposition. Les ISO ne sont pas réellement un paramètre d’exposition puisqu’il s’agit d’un gain. Donc dans le cas d’une scène à bas contraste si vous montez les ISO pour mettre le signal le plus haut possible, ça ne sert à rien puisque vous montez le bruit avant l’enregistrement pour ne pas le faire en post-production. Mais il est quand même monté. Les vrais paramètres d’expo sont l’ouverture du diaph, le choix du ND en ext, la puissance des lights en int, et la vitesse d’obturation si vous y touchez ( pour ma part c’est bloqué au 1/48).
Maintenant, l’intérêt d’un moniteur avec des customs LUTs.
Reprenons le cas d’une scène à bas contraste. Vous avez optimisé l’exposition en plaçant le signal le plus haut possible sur le waveform. Maintenant vous aimeriez voir une image normale pour cadrer et faire le point. Sur un moniteur vous mettez une LUT ou sur le XT3 vous enclenchez le natural view et dans les deux cas vous obtenez une image en REC709 complètement surexposée. Ce qui est logique. Le log vous donne une dynamique plus grande que le rec709. Si vous êtes au taquet sur le log, forcément sur le 709 c’est brulé. Sauf qu’en post prod vous pourrez ajuster les infos du log sur les limites du rec709. Donc ce qui compte c’est uniquement d’exposer correctement le log. Mais au niveau du monitoring vous êtes quand même face à une image surex qui ne vous aide pas beaucoup. Malheureusement sur le XT3 il n’y a rien a faire. Mais avec un moniteur avec LUTs customs, en plus de la LUT Fuji de delog, vous créez et vous chargez la même lut -1 diaph, la même -2 diaph et la même -3 diaph. Et comme ça quand votre log est bien exposé mais que vous avez avec la première LUT un rec 709 surex vous passez à la seconde (-1 diaph) voir la troisième (-2 diaph) et très rarement la -3 (mais ça ne coûte rien de l’avoir sous la main).